Le 27 septembre 2023, la Commission européenne a publié le premier rapport sur l’état d’avancement de la décennie numérique (précédemment connu sous le nom d’indice relatif à l’économie et à la société numériques, DESI). Le nouveau rapport est le premier d’une série de rapports annuels et appelle les États membres à prendre des mesures collectives pour combler les déficits d’investissement actuels, accélérer la transformation numérique en Europe et intensifier les efforts pour atteindre les objectifs du programme d’action pour la décennie numérique (DDPP).
Les recommandations du rapport proposent des mesures concrètes pour faire progresser la transformation numérique et orienteront les discussions et la collaboration entre la Commission et les États membres. Le rapport évalue les progrès accomplis par l’UE dans la transformation numérique et ouvre la voie à la coordination des efforts visant à atteindre des objectifs numériques communs.
Les principales conclusions dans les différents domaines couverts par le rapport sont les suivantes :
Les infrastructures numériques
L’objectif pour 2030 est d’assurer une couverture en gigabit complète dans l’ensemble de l’UE ainsi qu’une couverture 5G dans toutes les zones peuplées. À l’heure actuelle, 55 % des ménages ruraux ne sont toujours desservis par aucun réseau avancé et 9 % ne sont encore couverts par aucun réseau fixe. Des investissements supplémentaires sont nécessaires pour garantir une couverture totale en gigabit dans l’ensemble du marché unique et la couverture 5G des zones peuplées, réduisant ainsi les disparités régionales et en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte dans l’avenir numérique.
Semi-conducteurs
Les semi-conducteurs sont essentiels pour toutes les technologies numériques. L’UE entend doubler sa part de la valeur du marché mondial des semi-conducteurs d’ici à 2030, passant de 10 % à 20 %. Le règlement européen sur les semi-conducteurs vise à mettre en place un écosystème solide des semi-conducteurs et des chaînes d’approvisionnement résilientes. Les États membres devraient promouvoir les politiques nationales et investir davantage pour stimuler les compétences nationales en matière de conception, de fabrication et de technologie avancée pour y parvenir.
Entreprise numérique
La numérisation des entreprises est actuellement l’un des facteurs les plus essentiels contribuant à la réussite économique et à la croissance, en particulier dans un environnement imprévisible et en mutation rapide. En l’absence d’investissements et d’incitations supplémentaires d’ici à 2030, seules 66 % des entreprises auront adopté la technologie de l’informatique en nuage, 34 % utiliseront les mégadonnées et 20 % seulement l’intelligence artificielle (IA). Dans le même temps, les données les plus récentes montrent que seulement 69 % des PME de l’UE ont atteint un niveau élémentaire de compétence numérique, les progrès étant très variables d’un État membre à l’autre. Pour lutter contre ce phénomène, les États membres sont invités à sensibiliser davantage aux avantages de la numérisation et à soutenir les pôles européens d’innovation numérique (PIN). Bien que le nombre de licornes établies dans l’UE ait considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, cela n’est pas une raison de la complaisance des marchés volatils. L’UE comptait 249 licornes au début de l’année 2023, mais cette pale contre 1.444 aux États-Unis et 330 en Chine. Bien que cette tendance soit positive, les disparités avec les autres économies avancées persistent, ce qui souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour combler l’écart et rester compétitif sur la scène mondiale.
Numérisation des services publics
La décennie numérique et le plan de numérisation publique (DDPP) fixent des objectifs ambitieux, qui visent l’ accessibilité en ligne de 100 % des services publics essentiels, les possibilités d’interaction en ligne avec les administrations publiques, l’accès aux dossiers médicaux électroniques pour tous les citoyens de l’Union et l’identification électronique sécurisée (eID) pour tous les citoyens de l’Union. Si de nombreux États membres sont bien préparés à atteindre ces objectifs, des investissements importants sont nécessaires pour améliorer la disponibilité transfrontière et l’efficacité des services publics. En outre, le déploiement du portefeuille européen d’identité numérique est en cours et devrait être pleinement opérationnel d’ici à 2030, complété par la proposition d’euro numérique introduite en juin 2023.
Compétences numériques
L’UE a fixé des objectifs numériques ambitieux, visant à améliorer les compétences numériques d’au moins 80 % des personnes âgées de 16 à 74 ans et à compter 20 millions de spécialistes des TIC d’ici à 2030. Toutefois, le rapport révèle qu’en l’absence de changements significatifs, seule 59 % de la population seront en mesure de posséder des compétences numériques de base d’ici à 2030, et que le nombre de spécialistes des TIC pourrait ne pas dépasser 12 millions. Pour combler ce fossé, les États membres doivent accorder la priorité aux investissements dans l’éducation et le développement des compétences de haut niveau, tout en encourageant les femmes à s’engager dans les disciplines STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) dès leur plus jeune âge. Plus généralement, en s’appuyant sur l’Année européenne des compétences, les États membres devraient accorder la priorité aux investissements dans l’éducation et les compétences numériques et s’adapter à l’évolution rapide du paysage numérique.
Valeurs et principes pour la société en ligne
Les technologies et services numériques ont le pouvoir d’influencer notre mode de vie collectif et notre engagement en tant que citoyens. L’Union européenne a fixé la norme mondiale en créant un environnement numérique centré sur les personnes, ancré dans les droits fondamentaux, inclusif, transparent et ouvert. Le rapport souligne que l’UE joue un rôle de premier plan en veillant à ce que le monde numérique soit sûr, sécurisé et centré sur les personnes, que des politiques et des initiatives juridiques pertinentes ont été mises en œuvre pour garantir un avenir numérique sûr, y compris la législation sur les services numériques, la législation sur l’IA, la législation européenne sur la liberté des médias et la communication sur les mondes virtuels.
Une transition numérique durable
L’UE s’emploie activement à maximiser les synergies entre la transition écologique et la transformation numérique. Le rapport suit les travaux continus visant à rendre le passage à la technologie numérique plus respectueux de l’environnement. Des actions telles que l’initiative «Droit à la réparation», les lignes directrices pour rendre les téléphones portables et les tablettes écologiques et le plan de l’UE visant à rendre les systèmes énergétiques numériques contribueront toutes à réduire l’impact environnemental des technologies numériques. Il est également important d’investir davantage au moyen de plans nationaux pour la reprise et la résilience ou d’investissements partagés afin d’évoluer pleinement vers des solutions numériques qui ne nuisent pas à l’environnement. En outre, l’UE a besoin d’un meilleur moyen de suivre la mesure dans laquelle les services de communications électroniques ont une incidence sur l’environnement.
Partenariats internationaux
Le plan pour la décennie numérique à l’horizon 2030 souligne à quel point il est essentiel de collaborer avec des pays partageant les mêmes valeurs dans le monde pour défendre les valeurs de l’UE. Pour y parvenir, l’UE a progressé en établissant des partenariats numériques avec le Japon, la République de Corée et Singapour. Ils ont également mis en place des conseils du commerce et des technologies avec les États-Unis et l’Inde. En outre, l’UE a pris des mesures proactives pour aider l’Ukraine dans son parcours de transformation numérique, notamment en intégrant l’Ukraine dans la zone de libre itinérance de l’UE.
Conclusion :
«Le premier rapport sert de guide utile sur ce qu’il convient de faire pour combler le fossé et faire en sorte que la transition numérique complète soit atteinte d’ici à 2030», déclare Věra Jourová, vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence. Le succès de la décennie numérique sera essentiel pour la prospérité future de l’UE. Pour réussir la transformation numérique de l’UE, il faut une accélération significative et un engagement plus profond de la part tant de l’UE que de ses États membres. La Commission commencera à discuter avec les États membres, le Parlement européen et les parties prenantes de la manière de progresser ensemble en utilisant le mécanisme de gouvernance de la décennie numérique. Dans le même temps, elle collaborera avec les parties prenantes et les partenaires au-delà des frontières de l’UE.
«Le message de notre premier rapport sur la décennie numérique est clair : nous devons accélérer nos efforts pour atteindre nos objectifs d’ici à 2030. Le moment est venu de travailler ensemble pour placer l’Europe à l’avant-garde de la transition numérique. Telle est la signification des recommandations que nous adressons aujourd’hui aux États membres». Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.
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